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Culture

Art/Constant Adonon au sujet de l’exposition ‘’Territoires tissés’’ à ‘’LE CENTRE’’ : « Faire la promotion du tissage des tisserands »

L’espace d’art et de culture ‘’Le Centre’’ à Abomey-Calavi au Bénin accueille depuis le 15 Mars dernier et ce jusqu’au au 15 Juin 2024, une exposition atypique dénommée « Territoires tissés ». Elle tient lieu d’une restitution à la suite d’une collaboration entre l’Association pour la Valorisation et la Promotion du Tissage Traditionnel d’Abomey (AVPTTA) au Bénin, les ateliers de Design industriel et architecture d’intérieur de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Visuels de La Cambre à Bruxelles et l’Ecole du Patrimoine Africain (EPA) à Porto-Novo au Bénin. A l’occasion du vernissage, votre webmédia a interrogé Constant Adonon, président de l’AVPTTA et l’une des chevilles ouvrières de ce projet. Il revient ici sur les tenants et aboutissants de ce partenariat qui a duré 5 ans (2019-2024).

Kanbio24.INFO : Expliquez-nous la quintessence de ce projet

Constant Adonon : Tout est parti de la Cour du roi Agonglo à Abomey (au sud du Bénin, NDLR) où les tisserands dans leur mono production durant des temps, ignorent la richesse culturelle de ce souverain qui a vécu et qui a beaucoup développé l’artisanat, l’art, les barres reliefs, les tentures et le tissage. De façon spéciale, il a fait venir un tisserand du Nigéria qu’il a mis au palais pour enseigner le tissage à tous ses fils dont mes grands-parents. Mais à un moment donné, on ne fait que l’art pour survivre. On le fait par liquidation parce que demain c’est jour du marché, on vend et on continue son chemin. Cela a créé des méventes. C’est dans ce contexte que j’ai demandé à La Cambre qu’on travaille avec les tisserands. Nous avons travaillé sur les recherches des tissages que le roi, la reine et le prince ont utilisés à la Cour Royale. Ce travail a été fait par mon oncle Christophe Adonon qui détient une grande variété culturelle du tissage à la Cour Royale. On a enseigné aux jeunes le nom de tous les tissus que vous avez vu sur le mur. Au nombre des pagnes tissés exposés, on peut citer le KLIBIBI, le KANSAWU, le AWLAN, le AJIDO AKLUZUNON, le LOGOZOKPA, le DEVO, etc.. Nous avons une centaine, mais on s’est arrêté sur une quarantaine. A partir des originaux, on a essayé de décliner des échantillons que vous voyez là.

Quel est l’objectif final du projet ?

L’objectif final du projet, c’est de nous inviter à faire de vos accessoires de maison du tissage de la cour royale, faire la promotion du tissage des tisserands. L’autre objectif c’est que d’ici 5ans, dès qu’on sort un tissu, qu’on sache que c’est ‘’Agonglovô’’, qui veut dire en français, tissu de Agonglo. On va donner un sens à ce que nous a légué le roi.

Pouvez-vous nous citer les rôles de quelques pagnes authentifiés ?

Le tisserand ne tisse pas seulement la vie. Il est l’Alpha et l’oméga. A notre naissance, on nous accueille dans une bande qu’on appelle Honfo. Aujourd’hui ces tissus ont été modernisés et nous achetons à la pharmacie. C’est un tissu bande écru qui arrive à attacher le placenta de l’enfant. Mais à Abomey quand vous passez de ce monde pour l’au-delà, on vous met dans le linceul (Avogan). Quand vous regardez l’histoire Gréco-romaine, vous verrez que quand le Christ est mort, il a été enterré dans le linceul et le 3e jour quand les femmes étaient à la tombe, elles n’ont vu que le linceul. C’est aussi une croyance pour le roi Agonglo qui a été l’un des combattants de l’église en Afrique.
L’autre tissu qui a un sens fort, c’est le KILIBIBI. C’est le criquet qui est habile qui résiste au feu ou au fusil. Si le tisserand respecte bien les consignes pour sa conception, un bout de tissu sur votre corps, on peut vous tirer dessus mais ça ne va pas pénétrer. Donc c’est mystique. Il y a également le LIKOUN. A la fin de chaque saison pluvieuse, on quantifie les récoltes. Le roi ordonne son tisserand à tisser un certain mètre de tissu à celui qui a le plus cultivé que les autres.

Quel a été l’apport des belges dans cette collaboration ?

L’erreur que nous commettons en Afrique et notamment au Bénin, c’est qu’il n’y a pas d’école d’art. Vous allez chez votre maître, ses erreurs deviennent vos erreurs. La Cambre est une école de tissage où vous pouvez faire jusqu’à votre Master. Ils sont sur des gros motifs programmés. Ce n’est pas la collaboration avec eux qui tire nos objectifs, nos cultures. Nous on n’a que tiré de leur facilité à monter un métier, à adapter un fil, à faire un échantillon. La collaboration est purement technique.

Nous avons remarqué que ce n’est pas seulement les tissus qui sont exposés, il y a également des chaussures !

Les chaussures sont aussi des apparats du roi. Il y a 3 choses incontournables pour installer un roi au trône : les chaussures, le chapeau et la récade.

Réalisation : La Rédaction

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